Pour ou contre l’hypnose ?

La fascination de l’étranger

En occident, depuis sa théorisation au 18ème siècle par Mesmer, l’hypnose n’a cessé de fasciner. Cette fascination repose toutefois, pour une grande part, sur un malentendu. Nul doute qu’une personne sortie tout droit de quelque tribu amazonienne verrait dans notre pratique courante de la chirurgie un fait incompréhensible et fascinant. Il en va un peu de même en ce qui regarde l’hypnose ; c’est parce que nous la connaissons mal qu’elle continue d’exercer sur nos esprits une telle fascination.

L’utilisation, autrefois, de l’hypnose dans les spectacles grands publics a sous aucun doute participé à la naissance d’une vision fantasmatique de l’hypnose. Quelle que soit les difficultés réelles qu’on rencontre pour définir rigoureusement l’hypnose, il ne s’agit pas en tout cas d’une technique de suggestion mentale qui permettrait de plus ou moins prendre le contrôle du cerveau de la personne et de s’y installer comme dans un cockpit. La réalité est beaucoup plus rassurante.

L’hypnose, en clair, c’est quoi ?

L’hypnose, certes, modifie l’activité cérébrale ; la neuro-imagerie a montré précisément que ce sont les zones cérébrales impliquées dans les états perceptifs, attentionnels et émotionnels qui sont affectées par l’état hypnotique. Mais ces modifications restent sous le contrôle de la personne hypnotisée.

Quand un hypnotiseur de foire faisait croire à une personne du public qu’il mangeait une fraise alors qu’il mangeait une banane, cela n’advenait pas sans la complicité inconsciente de la victime supposée. Il a été maintes fois montré qu’une personne sous hypnose accepte uniquement ce qu’elle veut bien accepter. En définitive, c’est donc parce que nous avons peur de nous-même, de la partie inconsciente de notre être, que l’hypnose nous fait peur.

Le retour en grâce de l’hypnose

Longtemps cantonné, en Occident, au monde du spectacle, l’hypnose fut ensuite utilisée à des fins pédagogiques. Apprendre sous hypnose permet en effet de mémoriser efficacement une très grande quantité d’informations et de contourner les obstacles que peuvent opposer à l’apprentissage certaines phobies (par exemple, les phobies liées à l’apprentissage des mathématiques sont très répandues).

Aujourd’hui, le retour en grâce de l’hypnose s’explique par son efficacité dans le traitement des douleurs aigües, qu’elles soient ponctuelles ou chroniques.  L’hypnosédation, qui couple hypnose et anesthésie locale, est une alternative fiable à l’anesthésie générale qui comporte en soi de grands risques et beaucoup d’effets secondaires indésirables. Depuis 1992, en Belgique, la clinique de Liège a déjà fait bénéficier 8500 patients de cette technique d’hypnosédation. Preuve que la lumière peut aussi venir des belges!

Une efficacité contestée dans d’autres domaines

Dans les autres domaines, l’efficacité de l’hypnose n’est pas encore probante. Le fait que l’hypnose dépende essentiellement de la personnalité des gens qui y ont recours (les personnes sont plus ou moins réceptives à l’hypnose) rend difficile de juger de son efficacité dans la prise en charge médicale des troubles d’ordre psychopathologique, qu’ils soient légers ou plus lourds.

Si vous désirez être traité pour des problèmes d’ordre phobique, même si les thérapies comportementales et cognitives sont sans doute plus longues qu’un traitement par hypnose, elles restent plus indiquées ; en ce sens, que leur effet à moyen et long terme a été clairement démontré, contrairement à ce qu’il en est, pour l’instant, de l’hypnose.

Rien n’empêche, cependant, de coupler ces deux types de thérapie. Cela permettrait, selon toute vraisemblance, d’avoir un traitement plus rapide et dont l’efficacité serait durable à long terme. L’hypnose a donc encore de beaux jours devant elle, malgré le pessimisme (et la peur ?) d’une large partie du corps médical français.

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