Communiquer avec une personne atteinte de troubles bipolaires peut s’avérer délicat. Vos paroles, même bien intentionnées, risquent parfois de blesser ou d’aggraver la situation. Cet article vous guidera à travers les écueils à éviter et vous proposera des alternatives bienveillantes pour soutenir efficacement vos proches touchés par cette maladie complexe.
Comprendre les troubles bipolaires
Le trouble bipolaire, anciennement appelé psychose maniaco-dépressive, se caractérise par des fluctuations d’humeur extrêmes. Les personnes atteintes alternent entre des phases d’euphorie (manie) et de dépression profonde. Ces épisodes peuvent durer de quelques jours à plusieurs mois, entrecoupés de périodes d’humeur stable.
Les symptômes varient selon la phase :
- Phase maniaque : hyperactivité, réduction du besoin de sommeil, idées de grandeur, comportements à risque
- Phase dépressive : tristesse intense, perte d’intérêt, fatigue, idées suicidaires
La sensibilité accrue des personnes bipolaires rend la communication particulièrement délicate. Un mot maladroit peut rapidement déstabiliser leur équilibre émotionnel fragile.
L’impact des mots sur les personnes atteintes de troubles de l’humeur
Les personnes bipolaires sont souvent hypersensibles aux remarques d’autrui. Une phrase anodine pour vous peut avoir des répercussions importantes sur leur état émotionnel. Par exemple, minimiser leurs symptômes risque d’accentuer leur sentiment d’incompréhension et d’isolement.
Certains propos peuvent également renforcer la stigmatisation dont souffrent déjà les personnes atteintes de troubles mentaux. Il est crucial de choisir ses mots avec soin pour ne pas blesser involontairement ou aggraver leur mal-être.
Expressions à éviter face à un individu cyclothymique
Voici 10 phrases à bannir de vos conversations avec une personne bipolaire :
- “Ce n’est qu’une question de volonté” : Cette remarque nie la réalité de la maladie et culpabilise la personne.
- “Arrête de dramatiser” : Minimise la souffrance réelle ressentie.
- “Tout le monde a des hauts et des bas” : Compare à tort la maladie aux fluctuations d’humeur normales.
- “Tu as juste besoin de sortir/faire du sport” : Suggère des solutions simplistes à un problème complexe.
- “Tu es bipolaire ou quoi ?” : Utilise la maladie comme une insulte, renforçant la stigmatisation.
- “Prends sur toi” : Sous-entend que la personne ne fait pas d’efforts pour aller mieux.
- “Tu as l’air normal pourtant” : Nie la réalité invisible de la maladie.
- “Tu prends toujours tes médicaments ?” : Peut être perçu comme intrusif ou accusateur.
- “Tu es trop enthousiaste, c’est inquiétant” : Pathologise des émotions positives normales.
- “Je sais exactement ce que tu ressens” : Présume à tort comprendre une expérience unique et complexe.
Alternatives bienveillantes pour communiquer
Pour chaque phrase à éviter, voici des alternatives plus appropriées et empathiques :
À éviter | À dire plutôt |
---|---|
“Ce n’est qu’une question de volonté” | “Je sais que c’est difficile. Comment puis-je vous aider ?” |
“Arrête de dramatiser” | “Je vois que vous souffrez. Voulez-vous en parler ?” |
“Tout le monde a des hauts et des bas” | “Votre expérience est unique. Comment la vivez-vous ?” |
“Tu as juste besoin de sortir/faire du sport” | “Que pensez-vous qui pourrait vous aider en ce moment ?” |
“Tu es bipolaire ou quoi ?” | “Je remarque que votre humeur change. Comment vous sentez-vous ?” |
“Prends sur toi” | “Je vois que vous faites de votre mieux. C’est courageux.” |
“Tu as l’air normal pourtant” | “Les apparences peuvent être trompeuses. Comment allez-vous vraiment ?” |
“Tu prends toujours tes médicaments ?” | “Comment se passe votre traitement ? Avez-vous des questions à ce sujet ?” |
“Tu es trop enthousiaste, c’est inquiétant” | “Je suis content de vous voir de bonne humeur. Comment vivez-vous ce moment ?” |
“Je sais exactement ce que tu ressens” | “Je ne peux pas prétendre comprendre totalement, mais je suis là pour vous écouter.” |
L’importance de l’écoute active
L’écoute active est une compétence essentielle pour communiquer efficacement avec une personne bipolaire. Elle implique de se concentrer pleinement sur l’autre, sans jugement ni interruption. Voici quelques techniques concrètes :
- Maintenez un contact visuel approprié
- Utilisez des expressions faciales et un langage corporel ouverts
- Reformulez ce que vous avez entendu pour vérifier votre compréhension
- Posez des questions ouvertes pour encourager l’expression
- Évitez de donner des conseils non sollicités
En pratiquant l’écoute active, vous créez un espace sûr où la personne peut s’exprimer librement. Cela renforce la confiance et améliore la qualité de vos échanges.
Conseils pour soutenir un proche atteint de cyclothymie
Soutenir une personne bipolaire au quotidien demande de la patience et de la compréhension. Voici quelques conseils pratiques :
- Éduquez-vous sur la maladie pour mieux comprendre ses enjeux
- Encouragez l’adhésion au traitement sans être intrusif
- Aidez à identifier les signes précurseurs d’un épisode
- Établissez un plan d’action en cas de crise
- Maintenez une routine stable et prévisible
- Encouragez des habitudes de vie saines (sommeil, alimentation, exercice)
- Offrez votre soutien sans vous imposer
- Prenez soin de votre propre santé mentale
Ressources et soutien pour les proches
De nombreuses ressources existent pour aider les proches de personnes bipolaires :
- Associations : UNAFAM, Argos 2001, Bicycle (pour les troubles bipolaires chez l’enfant)
- Groupes de parole : renseignez-vous auprès des CMP (Centres Médico-Psychologiques) de votre région
- Lignes d’écoute : SOS Amitié, Fil Santé Jeunes
- Livres : “Vivre avec un proche bipolaire” de Christine Mirabel-Sarron, “La bipolarité pour les nuls” de Candida Fink
- Sites web : Psycom.org, Fondation FondaMental
N’hésitez pas à solliciter ces ressources pour vous informer et trouver du soutien dans votre rôle d’aidant.
Vers une société plus inclusive
La sensibilisation et l’éducation sur les troubles bipolaires sont essentielles pour créer une société plus compréhensive et inclusive. En parlant ouvertement de la maladie, nous contribuons à réduire la stigmatisation et à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes.
Chacun peut agir à son niveau : en s’informant, en adoptant un langage respectueux, en soutenant les initiatives de sensibilisation. Les entreprises peuvent former leurs employés à la santé mentale, les écoles intégrer ces sujets dans leurs programmes.
En favorisant l’inclusion des personnes bipolaires dans tous les aspects de la vie sociale, nous enrichissons notre société de leurs talents et de leurs perspectives uniques. C’est un défi collectif qui nécessite l’engagement de tous.